A-La correspondance et le récit de vie
I-La correspondance:
L'échange de lettres, ou
correspondance, est un usage social, dont les formes sont plus ou moins
codifiées, mais c'est également un genre littéraire. En principe, la
communication s'établit entre deux personnes : l'auteur de la lettre et
son destinataire, cependant dans bien des cas elle peut s'élargir. C'est donc
un genre très souple, que chaque époque adapte à ses besoins.
Quels sont les différents types de lettres ? Quelle est la place de la correspondance dans la littérature ?
Quels sont les différents types de lettres ? Quelle est la place de la correspondance dans la littérature ?
I. Les types de correspondance
1. Les
lettres commerciales et administratives
•
L'objectif des lettres professionnelles, commerciales ou administratives, est
l'efficacité : elles doivent être concises et claires et se conforment à des
modèles précis (mention de la date, identification du récepteur :Monsieur
le Directeur, Cher client, etc. ; objet de la lettre, etc.). Les
formulations et le vocabulaire y sont strictement codifiés.
2. Les
lettres rituelles
• On les
envoie traditionnellement pour inviter, remercier, féliciter, faire parvenir
des vœux ou des condoléances, etc. Lorsqu'elles ne s'adressent pas à des
intimes, elles reproduisent la plupart du temps des formules toutes
faites : Bonne et heureuse année, Tous mes meilleurs vœux,
etc.
3. Les
lettres intimes
• Elles
peuvent être conventionnelles et respecter des codes, en particulier pour
l'adresse (Chère Madame, Mon cher ami, Cher cousin, etc.) et pour
la formule de politesse finale (Bien amicalement, Je vous embrasse
affectueusement, etc.).Dans ce cas, elles adoptent un registre plutôt
soutenu. Elles peuvent aussi être tout à fait libres et inventives, allant du
simple billet écrit à la hâte au long récit détaillé ou à une sorte de journal
de ses impressions et de ses sentiments.
4. La
correspondance électronique
• Ce
nouveau mode de communication suscite des échanges rapides de
messages. Moins formel, plus immédiat et sans doute plus facile que la
correspondance traditionnelle, sur papier, le courrier électronique crée une
« conversation permanente » entre des personnes parfois très
éloignées. Il favorise un nouveau mode d'écriture, qui comporte des
abréviations, des néologismes, des combinaisons d'images et de signes. Il est
utilisé aussi bien professionnellement que de façon privée.
II. Les fonctions de la
lettre
1. La
fonction référentielle
• Pour
communiquer, l'auteur et le destinataire de la lettre doivent pouvoir partager
des références communes. Dans la correspondance intime, les
références sont d'ordre personnel : souvenirs communs, sentiments
partagés, lieux connus.
Ex. : « Vous me parlez de mon départ. Ah ! ma chère fille ! je languis dans cet espoir charmant. Rien ne m'arrête que ma tante qui se meurt de douleur et d'hydropisie. Elle me brise le cœur par l'état où elle est. »(Mme de Sévigné, lettre du 16 mars 1672)
Ex. : « Vous me parlez de mon départ. Ah ! ma chère fille ! je languis dans cet espoir charmant. Rien ne m'arrête que ma tante qui se meurt de douleur et d'hydropisie. Elle me brise le cœur par l'état où elle est. »(Mme de Sévigné, lettre du 16 mars 1672)
2. La
fonction incitative
• Le destinataire d'une
lettre est désigné par son nom, son prénom ou son titre (Monsieur le
Président), et dans le corps de la lettre, par des pronoms de la deuxième
personne (vous ou tu). La lettre professionnelle incite
souvent à agir (s'abonner, payer une facture, répondre à une demande, etc.). La
lettre intime elle-même peut être incitative en
exprimant conseils, invitation, recommandations, etc.
Ex. : « Écrivez-nous, je vous prie, pour nous rassurer après tant de silence » (Étiemble,lettre à Jules Supervielle, 30 octobre 1939)
Ex. : « Écrivez-nous, je vous prie, pour nous rassurer après tant de silence » (Étiemble,lettre à Jules Supervielle, 30 octobre 1939)
3. La
fonction expressive
• Ce qui
caractérise la lettre intime, c'est sa fonction expressive. L'auteur emploie la
première personne, exprime ses émotions et ses sentiments.
Ex. : « Je suis assez effrayé d'écrire des pages aussi souriantes en ce moment où tout est si sombre. Je me demande comment je fais. Sans doute est-ce pour fuir l'épouvante, la tristesse et la honte de ces derniers temps. » (Jules Supervielle,lettre à Étiemble, septembre 1940)
Ex. : « Je suis assez effrayé d'écrire des pages aussi souriantes en ce moment où tout est si sombre. Je me demande comment je fais. Sans doute est-ce pour fuir l'épouvante, la tristesse et la honte de ces derniers temps. » (Jules Supervielle,lettre à Étiemble, septembre 1940)
III. La correspondance dans
la littérature
1. La
publication des correspondances
• La
correspondance peut être publiée au titre de témoignage historique :
c'est le cas par exemple desLettres de Poilus, ces soldats de la guerre
1914-1918.
• On
publie également les lettres émanant d'écrivains (Prosper
Mérimée, Gustave Flaubert, George Sand, Paul Claudel, André Gide, Guillaume
Apollinaire), qui ont parfois de grandes qualités littéraires. Ces
correspondances permettent de compléter la connaissance que l'on a d'eux. On a
ainsi conservé celles de Cicéron et de Saint Augustin et retrouvé les quelque
18 000 lettres de Voltaire.
2. Le cas
Sévigné
• La plus
célèbre des épistolières est sans doute Madame de Sévigné (1626-1696). Ses
lettres à sa fille (Mme de Grignan), publiées trente ans
après sa mort, constituent sa seule œuvre. Écrites sur le mode de la
conversation mondaine, elles se font l'écho de la vie d'une femme cultivée au xviie siècle.
« Si
vous me demandez comme je me trouve ici après tout ce bruit, je vous dirai que
j'y suis transportée de joie […]. J'ai un besoin de repos qui ne se peut dire.
J'ai besoin de dormir. J'ai besoin de manger (car je meurs de faim à ces
festins). J'ai besoin de me rafraîchir. J'ai besoin de me taire. […] Mme de
La Fayette vous aura mandé comme M. de la Rochefoucauld a fait
duc le prince son fils, et de quelle façon le Roi a donné une nouvelle pension.
Enfin, la manière vaut mieux que la chose, n'est-il pas vrai ? Nous avons
quelquefois ri de ce discours commun à tous les courtisans. » (Mme
de Sévigné, lettre du 19 août 1671)
3. Le
roman par lettres
•
Certaines œuvres prennent la forme d'une seule longue lettre, ce
qui permet à l'auteur de développer son point de vue. Dans la Lettre à
d'Alembert sur les spectacles (1758), Jean-Jacques Rousseau exprime
son opinion sur le théâtre et sur la société. Dans la Lettre du voyant (1871),
Arthur Rimbaud développe sa conception de la poésie.
• Le roman
épistolaire se présente sous forme de lettres fictives,
dont les auteurs sont les personnages du récit. Dans les Lettres
persanes (1721), Montesquieu imagine la correspondance de
deux Persans qui visitent la France, Rica et Usbeck. Tout en racontant
leur voyage, ils critiquent indirectement les mœurs et le gouvernement
français.
Les
Liaisons dangereuses, de Choderlos de Laclos, ne sont constituées que de
lettres : on apprend à travers elles les projets des personnages et leurs
péripéties.
« Vous paraissez vous faire un grand mérite de votre dernière scène avec la Présidente ; mais qu'est-ce donc qu'elle prouve pour votre système ou contre le mien ? Assurément, je ne vous ai jamais dit que vous aimiez assez cette femme pour ne la pas tromper […]. » (Choderclos de Laclos,les Liaisons dangereuses, lettre 141, de la marquise de Merteuil au vicomte de Valmont)
« Vous paraissez vous faire un grand mérite de votre dernière scène avec la Présidente ; mais qu'est-ce donc qu'elle prouve pour votre système ou contre le mien ? Assurément, je ne vous ai jamais dit que vous aimiez assez cette femme pour ne la pas tromper […]. » (Choderclos de Laclos,les Liaisons dangereuses, lettre 141, de la marquise de Merteuil au vicomte de Valmont)
La correspondance administrative et conventionnelle:
Ce type de
correspondance met en relation une personne à une administration quelconque.
Les lettres qui entrent dans ce cadre doivent être courtes et efficaces parce
que leur but essentiel consiste à donner au destinataire une idée aussi précise
que possible de l'objet.
Les lettres
administratives obeissent à une structure précise : Lieu et date, coordonnées
du destinateur; coordonnées du destinataire, objet, formule d'appel, texte,
formule de congé, signature. Elle doivent être rédigées sur un papier de format
A4 (21/29,5cm).
Parmi les
lettres les plus connues, on peut citer la demande d'emploi, Le curriculum
vitae (CV) et la lettre de réclamation.
1- La demande
d'emploi :
Appelée
aussi lettre de motivation, ce type de correspondance vise à convaincre le
destinataire. Pour ce faire, on doit énumérer ses compétences et les exposer
dans un style très soigné. La demande d'emploi se caractérise par des formules
toutes faites comme "Monsieur ou Madame, Veuillez agréer l'expression de
ma plus haute considération,..."
2- Le CV :
Dans
ce document qui signifie "course de la vie", on signale son nom, son
prénom, sa date et son lieu de naissance, ses études, ses diplômes, ses stages,
sa formation professionnelle, les langues maîtrisées, etc. Ce type de
correspondance qu'on joint généralement à une demande d'emploi, est souvent
accompagné d'une photoghraphie récente du candidat.
Il
existe plusieurs types de CV, mais leur structure est presque la même. Ils doivent
être rédigés avec rigueur et soihneusement présentés. Les recruteurs auxquels
ils sont adressés se basent sur la qualité des informations qu'ils contiennent
pour prendre leur décisions.
3- La lettre de
réclamation :
Elle consiste à demander
quelque chose au destinataire avec insistance. Pour atteindre son but, cette
lettre doit être brève et comportant des indications claires sur le sujet de la
réclamation. Sa structure est la même que celle de la demande d'emploi, mais
elle diffère de celle-ci par la nature de son objet.
Structure de la demande d'emploi
Lieu et
date
Nom, prénom
et adresse de l'émetteur
Coordonnées du destinataire
Objet : demande d'emploi ou de
recrutement
Formule d'appel,
texte
Formule de congé
signature
Structure
de la lettre de réclamation
Lieu et date
Nom, prénom
et adresse de l'émetteur
coordonnées du destinataire
Objet :.................................................
Formule d'appel,
Texte
Formule de congé
signature
Structure
du CV
Photographie
Nom, prénom et
adresse du candidat
Spécialité
Compétences
...................................................................................................................................................................................................
...................................................................................................................................................................................................
Formation
..................................................................................................................................................................................................
..................................................................................................................................................................................................
Stages effectués
...................................................................................................................................................................................................
...................................................................................................................................................................................................
Langues maîtrisées
...................................................................................................................................................................................................
...................................................................................................................................................................................................
Autres
....................................................................................................................................................................................................
...................................................................................................................................................................................................
la fiabilité douteuse de la mémoire, ses défauts, ses limites objectives
le caractère sélectif et subjectif du souvenir, les oublis, les omissions...
l'impossibilité de retranscrire fidèlement un passé lointain
le désir de plaire par un maquillage de la réalité
l'impossibilité de faire certains aveux, de dévoiler des secrets intimes ou de parler d'événements peu honorables et de se livrer ainsi sans pudeur au public
la recherche de l'esthétique au niveau de la forme, le souci de la qualité littéraire
la peur de l'échec, l'aspiration à la célébrité, à la gloire...
Le lecteur, à travers ce voyage qu'il effectue dans la vie d'un autre, réalise simultanément plusieurs objectifs :
Recueillir des informations sur une société, une culture, une civilisation...
Trouver les enseignements d'une expérience humaine; profiter des leçons d'une vie.
Connaître de gens nouveaux avec des caractères différents et des psychologies diverses.
Se lier d'amitié avec un héros en devenant son confident, son complice.
Réfléchir à sa propre existence en la comparant à celle d'un autre.
S'identifier à un modèle cohérent, à un exemple concret.
Regarder sa propre image dans le récit et assouvir un narcissisme latent.
Satisfaire sa curiosité par un acte de voyeurisme, d'intrusion dans la vie d'autrui.
Savourer le texte littéraire et examiner son esthétique.
B-Le roman et la nouvelle :
II-Les récits de vie:
Beaucoup de personnes éprouvent à un moment donné le besoin de faire le récit de leur vie. Cette expression générique désigne tout récit de vie que fait une personne à des interlocuteurs. Le récit de vie peut relever d'une pratique thérapeutique, ou d'un procédé sociologique. Il peut de même émaner d'une vocation littéraire, la personne relate son histoire et ambitionne d'en faire un livre. Ce terme très vaste désigne donc un genre qui englobe deux grandes catégories.
La biographie
C'est le récit -généralement à la troisième personne- de la vie d'une personne réelle (personnage important), mais rédigé par quelqu'un d'autre (un journaliste, un historien...) etthéoriquement avec un souci d'objectivité et d'exactitude historique (elle repose parfois sur des informations recoupées tirées de témoignages, de documents, de correspondances ...).
L'autobiographie
C'est le récit de la vie d'une personne par elle-même, où l'auteur est à la fois narrateur et personnage principal et qui raconte sa vie de manière rétrospective en mettant en valeur l'histoire de sa formation. Dans l'autobiographie, l'auteur, le narrateur et le personnage principal se confondent, constituent une seule et même personne et portent par conséquent le même nom.
Les récits à caractère autobiographique
· Le journal intime : Le journal intime n'a de destinataire que son auteur lui-même. Confidentiel et tenu en principe secret, il est rédigé sans contraintes et élaboré en théorie au jour le jour. Dès lors, ce n'est pas un récit global rétrospectif et public car il ne permet pas à son auteur de prendre du recul par rapport aux événements relatés.
· Les mémoires : Le narrateur se présente dans les mémoires plutôt comme le témoin de son époque que comme un personnage principal au centre d'un récit. Les mémoires mettent l'accent sur les événements extérieurs et la réflexion philosophique et constituent donc un témoignage objectif et fiable du mémorialiste de son époque.
•Les confessions : La dimension religieuse de ce genre typiquement chrétien permet à son auteur, en s'adressant à Dieu, de confesser ses péchés. Les confessions donnent l'occasion à l'auteur d'expliquer et de justifier ses actes en montrant comment il est passé de l'erreur à la vérité.
· L'essai: Dans l'essai, l'auteur invite le lecteur à partager ses observations, ses expériences, ses réflexions et ses méditations... Là encore, l'auteur, le narrateur et le personnage principal forment une seule et même personne.
· Le roman autobiographique : Dans ce genre, le personnage principal, qui est une personne réelle et qui peut être le narrateur, n'est pas l'auteur mais lui ressemble beaucoup. Ce genre permet ainsi une transformation de la réalité et une déformation du passé à travers le changement des noms des personnes, le déguisement des faits, la modification de la chronologie ...
· La correspondance : La correspondance entre les personnes n'est pas destinée à être connue d'un large public. Toutefois, elle est souvent publiée à titre posthume, lorsque l'entourage de l'auteur se rend compte de la valeur des documents laissés par l'auteur.
· L'autofiction: Il s'agit d'une autobiographie fictive déguisée en roman.
Définition de l'autobiographie
Etymologie du mot : auto = soi-même ; bio = vie ; graphie = écriture
L'autobiographie, genre littéraire assez récent, est un « récit rétrospectif écrit en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, quand elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité ».
Trois éléments sont à examiner de près dans cette définition:
1- La forme du langage
a/ Un récit: C'est l'élaboration structurée d'une narration d'événements qui se succèdent à l'intérieur d'une trame.
b/ En prose: Il s'agit du discours constituant la forme ordinaire du langage: rationnel, direct et non soumis aux règles de la poésie et dont l'objectif est la communication d'uneinformation immédiatement compréhensible par un large public.2- Le sujet
2- Le sujet abordé
a/ La vie de son auteur: L'auteur rend compte de sa vie. Son récit retranscrit la réalité telle qu'il l'a vécue. Les événements s'étant produits et les personnes ayant existé effectivement, la narration aborde l'enfance puis parcourt les épisodes privilégiés de la vie.
b/ L'histoire de sa personnalité: Le récit a pour fonction de retracer la formation d'une individualité. L'auteur narrateur personnage principal y examine les étapes de sa personnalité. Par conséquent, c'est une réflexion sur le Moi qui devient un champ d'exploration. L'auteur lui-même cherche à dégager les aspects de son être et ses facettes affectives, morales,...3-
3-Le statut du narrateur
a/ L'identité de l'auteur narrateur personnage principal: L'auteur, le narrateur e le personnage central sont une seule et même personne. Le récit est à la première personne du singulier Je. Le Moi domine.
b/ Le regard rétrospectif porté sur les faits: L'écriture intervient donc après les événements. Les verbes sont au passé (pour raconter l'enfance) et au présent (pourcommenter les faits lorsque l'auteur porte un regard d'adulte sur l'enfant qu'il était).
L'écriture autobiographique
Analyse de contenu
a/ Réalité ou fiction
- L'autobiographie peut s'attacher à restituer le réel. Le récit manifeste son intention de vérité. Il prétend reproduire la réalité pure. Les faits sont véridiques, les événements se sont effectivement produits, les personnes ont réellement existé.
- L'autobiographie peut s'écarter de la réalité pour proposer une vie fictive. L'auteur intègre dans le récit des événements, des personnages, des actions inventées... Toutefois, par un subtil maquillage de la réalité, il entretient un effet de vraisemblance.
b/ Stéréotypes narratif'
- Les récits autobiographiques se basent sur certains clichés et reproduisent presque un même contenu avec quelques thèmes récurrents: naissance, origines familiales, portrait des parents, enfance, apprentissage, amour... Le récit tente de répondre à l'attente des lecteurs, le souvenir fréquent est abordé comme une propriété commune, un élément de la mémoire Collective.
Le tableau suivant schématise le contenu thématique des autobiographies
thème
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Contenu
|
Naissance
|
Origines familiales, portraits de famille, lieux déterminants de la petite enfance, début de l’apprentissage, rapports aux autres …
|
Entrée dans la vie
|
Adolescence, premier amour, début de l’âge adulte, vie sentimentale, vie professionnelle …
|
Grands évènements
|
Personnes marquantes, rencontres, relations amoureuses, mariage, deuil, travail, création, réussite ou échec, célébrité …
|
Le pacte autobiographique
L'autobiographie s'appuie sur un «pacte autobiographique», une sorte de convention qui s'établit implicitement entre l'auteur et le lecteur, ce dernier devant considérer les faits comme sincères, authentiques et véridiques. Le pacte est explicite si l'auteur définit son projet et prend des engagements vis-à-vis du lecteur, en lui confiant dans un avant-propos (un prologue, une préface...) son intention de dire la vérité. Ainsi lié par ce serment de sincérité, le lecteur devient le confident, le témoin et même le complice de l'auteur.
Enjeux de l'autobiographie
Pour quelles raisons publier son autobiographie ? Pourquoi ce besoin d'écrire sur soi?
1- La relation auteur/auteur
a/ L'œuvre autobiographique fonctionne comme un miroir dans lequel l'auteur se regarde. En effet, en écrivant le récit de sa vie, il peut éprouver le besoin de se connaître véritablement en remontant aux origines de son être. Le projet autobiographique devient une tentative de se comprendre, une quête de soi. Ce travail d'introspection passe forcément par l'écriture.
b/ Le récit autobiographique constitue aussi une source de plaisir. Dans cette attitude de complaisance narcissique, l'auteur se penche sur sa vie passée, la contemple, revit les événements privilégiés qu'il a vécus, en particulier son enfance.
La relation auteur / lecteur
a/ L'autobiographie est également un témoignage par lequel l'auteur manifeste son désir de donner sa version des faits. C'est une sorte de déposition qui traduit son engagement intellectuel. Il présente ainsi au lecteur un exemplaire narratif et moral dont le contenu n’est autre qu'une leçon de vie, un modèle d'existence dans lequel il va se projeter pour scruter sa vie passée et donner ainsi un sens à sa propre existence.
b/ Le projet autobiographique peut émaner du besoin de se confesser, de se repentir. Le Paradis passe alors par des aveux écrits. L'auteur y implore le pardon de Dieu. En plus, l'autobiographie est une justification de l'auteur auprès des lecteurs, une plaidoirie pour se disculper face à ses détracteurs. Le texte autobiographique est par conséquent le portrait le plus fidèle que l'auteur dresse personnellement de lui-même.
Problèmes de l'autobiographie
Les intentions profondes de l'autobiographe sont donc la sincérité de la narration, 'l'authenticité de l'histoire et la véracité du récit. Mais les obstacles qui se dressent devant la réalisation de ces objectifs sont nombreux et parfois insurmontables :
La difficulté de se connaître et de porter sur soi-même un regard neutre et sincère la difficulté d'organiser dans un récit toute la complexité d'une vie







Intérêt de lire une autobiographie
Quel profit peut-on tirer de la lecture d'un récit de vie ?










Tableau récapitulatif
Etymologie
|
Autobiographie : mot composé de trois éléments empruntés à la langue grecque : auto = soi-même / bio = vie / graphie = écriture
|
Définition
|
Récit de vie d’une personne par elle-même.
|
Genres autobiographiques
|
Confessions, Mémoires, Journal intime, Autoportrait, autofiction …
|
Auteur
|
Personne réelle qui écrit ses souvenirs et raconte des évènements réels ou présente des faits inventés comme s’étant effectivement passés.
|
Narrateur
|
C’est une entité virtuelle qui n’existe que par et pour le récit. Il a la même identité que l’auteur, dit « je » et parle de son « moi ».
|
Personnage principal
|
Se confond avec l’auteur et le narrateur, se trouve au centre des évènements
|
Destinataires
|
Soi-même / les lecteurs
|
Relation narrateur/lecteur
|
Présence d’un pacte autobiographique de sincérité
|
Enjeux, visées
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Problèmes
|
Passé lointain = défaillance de la mémoire ; faits peu honorables = aveux difficiles ; recherche de la qualité esthétique et littéraire = maquillage et embellissement du récit ; travail de l’écriture = subjectivité
|
Intérêts
|
Informations, enseignements, identification, comparaison, narcissisme, voyeurisme, qualité artistique
|
Contenus (évènements)
|
Récit factuel = faits évènements, personnages réels/Récit fictionnel = faits évènements, personnages fictifs (totalement ou en partie)
Stéréotypes narratifs = présence de thèmes récurrents communs (la naissance, famille, enfance, relation, faits marquants, amours, travail, réussite…)
|
Outils de la langue
| ![]() ![]() |
Lexique, vocabulaire
|
Champ lexical de la mémoire, Emploi de mots ou d'expressions en rapport avec le souvenir.
|
B-Le roman et la nouvelle :
I-LES GENRES LITTERAIRES ROMANESQUES
1) Définition
Le roman est une oeuvre d'imagination en prose, assez longue, qui fait vivre des personnages présentés comme réels. Le roman, récit en langue romane, apparaît au milieu du XIIe siècle. C'est alors un long récit en vers (octosyllabe) lu par les jongleurs, surtout dans les cours princières. Les textes seront ensuite réécrits en prose, dès le XIIe siècle et commenceront à toucher tous les publics avec l'invention de l'imprimerie, puis grâce au colportage. Peu à peu, ce genre s'est développé jusqu'à devenir le plus répandu et le plus diversifié.
2) Les différents types de Romans
Ces types de romans, présentés dans la mesure du possible chronologiquement, peuvent coexister dans une même oeuvre.
a) Le roman courtois (XIIe siècle)
Il présente des héros vaillants dont les prouesses ne sont récompensées ni par l'argent ni par le pouvoir mais par l'amour d'une dame.
b) Le roman de chevalerie
1. Traduction des chansons de geste ou écrit directement en prose, le roman de chevalerie connaît une grande vogue jusqu'au XVIe siècle.
2. Dès le Moyen Âge, les romans de chevalerie sont parodiés dans des romans burlesques qui, tout en faisant rire le lecteur, développent certaines idées morales ou philosophiques.
3. Le roman de chevalerie connaît un renouveau de popularité à l'époque romantique.
4. Au XIXe siècle se développe une autre forme de roman d'aventures héroïques mettant en scène non des chevaliers du Moyen Âge, mais des héros vaillants des XVIIe et XVIIIe siècles : c'est le roman de cape et d'épée.
c) Le roman précieux (XVIIe siècle)
Inspiré des romans courtois et des romans de chevalerie, c'est un long récit d'aventures héroïques et sentimentales dans un décor pastoral.
d) Le roman picaresque
1. Né en Espagne au XVIe siècle, il met en scène des héros, souvent d'origine populaire, qui rencontrent toutes sortes d'aventures au cours d'un long voyage.
2. Le roman picaresque a évolué au cours des siècles vers le roman d'aventures où l'intrigue repose sur de multiples péripéties et où tous les héros se trouvent confrontés à toutes sortes de difficultés avant de parvenir au bout de leur quête.
e) Le roman psychologique
Apparu au XVIIe siècle, ce type de roman, tout en développant une intrigue plus ou moins importante, décrit avec beaucoup de minutie les émotions, les sentiments, l'évolution psychologique des héros.
f) Le roman par lettres (roman épistolaire)
Dans ce type de roman, l'intrigue évolue par le biais de l'échange d'une correspondance fictive entre les personnages. Le roman par lettres se développe particulièrement au XVIIIe siècle.
g) Le roman historique
Né avec le roman, il n'a cessé de se développer au cours des siècles. D'abord réservé au public aristocratique, il a gagné progressivement le grand public où il est toujours particulièrement apprécié. Ce type de roman met en scène des lieux, des événements et des personnages historiques. La part de vérité historique et de fiction est très variable selon les romans.
h) Le roman noir
1. Né en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, le roman noir peuple des paysages romantiques (châteaux, ruines, forêts, monastères...) de fantômes, brigands, vampires... Il doit faire naître l'horreur et l'épouvante chez le lecteur.
2. Proche du roman noir, le roman fantastique, qui présente des événements apparemment surnaturels, vise moins à effrayer le lecteur qu'à le troubler.
i) Le roman-feuilleton
1. Souvent très long, il apparaît avec le développement de la presse au XIXe siècle. Il paraît par fragments dans un journal. C'est cette forme de publication qui est à l'origine d'un genre littéraire spécifique : nombreux personnages, multiples péripéties et rebondissements (chaque épisode doit tenir le lecteur en haleine), écriture souvent rapide et parfois négligée... Il faut savoir cependant que certains grands romans du XIXe siècle ont d'abord été diffusés de cette manière.
2. Autre long roman, le roman-fleuve se déroule sur plusieurs générations de personnages (saga) et brosse le tableau de toute une époque.
j) Le roman policier
Né au milieu du XIXe siècle, en Angleterre et aux États-unis, c'est une forme de roman dont la popularité n'a cessé de croître et qui s'affirme de plus en plus comme un genre littéraire à part entière, bien que la production, très abondante, soit de qualité inégale. Le roman policier, à l'origine, faisait appel à la sagacité du lecteur pour résoudre une affaire mystérieuse ou une intrigue criminelle. Le roman policier moderne ne repose plus forcément sur une énigme, bien qu'il s'appuie toujours sur la lutte entre le bien et le mal.
Une des variantes du roman policier est au XXe siècle le roman d'espionnage.
k) Le roman d'anticipation
Né également à la fin du XVIIIe siècle, le roman d'anticipation a connu une évolution assez semblable à celle du roman policier. Fondé sur des données plus ou moins scientifiques (science-fiction), le récit se place dans le futur lointain, présenté comme vraisemblable. Parfois le roman présente un monde imaginaire à l'articulation entre le roman traditionnel et la science-fiction (Héroï-fantaisy).
3) Les genres associés
a) Le conte
Apparu dès l'Antiquité, c'est un récit, souvent assez court, et généralement écrit en prose, qui relate des événements imaginaires, présentés comme tels.
1. Le fabliau était au Moyen Âge (XIIIe et XIVe siècle) un petit récit, en octosyllabe, franchement comique et à valeur moralisante.
2. Le conte fantastique introduit des événements imaginaires, inexplicables, dans une intrigue donnée comme réelle.
3. Le conte de fées est un récit à valeur souvent moralisante qui crée un monde merveilleux en introduisant des héros ou des personnages dotés de pouvoirs surnaturels (fées, sorcières, ogres...).
4. Le conte philosophique est un récit d'imagination destiné à illustrer, à démontrer, et parfois à tourner en ridicule, certaines théories philosophiques.
5. Le conte populaire est un récit oral, sans intention littéraire, dont les événements sont imaginaires et les personnages conventionnels. De nombreux contes populaires ont été rassemblés et conservés par écrit. D'autres ont inspiré des auteurs qui leur ont donné une forme littéraire.
b) La légende
Les légendes, à l'origine, constituaient un livre relatant la vie des saints. Chaque épisode était lu, jour après jour, à date fixe, pendant toute l'année. On entend aujourd'hui par légende le récit merveilleux d'un événement historique ou divin, transmis oralement dans les classes populaires. Ce récit s'appuie en principe sur une réalité historique.
c) La nouvelle
Née au XIVe siècle sous l'influence italienne, la nouvelle est un récit généralement bref, présentant une seule action conduite par des personnages peu nombreux, souvent schématiques ou représentatifs d'un trait de caractère, d'une catégorie sociale...
La nouvelle est un récit court et bref, écrit en prose.
Les personnages d'une nouvelle sont peu nombreux et brièvement décrite.
La nouvelle tourne autour d'un évenement.
Elle peut être réaliste, fantastique, policière ou de science-fiction.
Les personnages et les actions doivent être vraisemblables.
Son action est assez simple mais construite de façon à ménager un effet de surprise au dénouement, on appelle cela la chute.
Apparu à la fin du Moyen-Age, ce genre littéraire était proche du roman et d'inspiration réalitste.
C’est le XVI siècle qui voit le véritable essor du genre. En 1558, avec L'Heptaméron, Marguerite de Navarre donne au genre ses premières lettres de noblesse
À l'origine de la longueur d'un paragraphe, il pouvait de ce fait être publié aussi bien dans les journaux qu'en recueil.
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